UN CONTE DE NOËL 1

24 décembre 2004. Alors que la majorité de mes potes étaient déjà partie dans un chalet à Chamonix pour une semaine de folie, je me retrouvais piégé au fin fond de la campagne normande. Mes parents, eux, étaient partis passer les Fêtes en Egypte et j'avais été nommé d'office pour aller tenir compagnie à mes grands-parents dans leur vieille maison isolée. Dehors c'était la tempête de neige, on ne voyait pas à deux mètres. L'accès serait certainement bloqué pendant plusieurs jours, je n'avais de toute façon pas envie de mettre le nez dehors et préférai m'installer bien à l'aise devant la cheminée. Le manque d'exercice, la chaleur et l'excellente cuisine de ma grand-mère me plongèrent rapidement dans un état d'apathie total. Pas un recoin de la pièce n'était pas vieux et ennuyant et mes grands-parents s'incrustaient parfaitement dans ce paysage. Ils étaient certes des gens d'une générosité incroyable et j'avais énormément d'affection pour eux, mais à la longue, ils devenaient un peu gâteux et surtout j'étais seul pour leur faire la conversation. - Crois-tu que le Père-Noël va passer ce soir ? En outre ma grand-mère pensait qu'à 21 ans, je croyais encore au Père-Noël. Ou alors elle prétendait l'avoir aperçu une fois. J'acquiesçai avec un sourire compatissant. Vers 22 heures, les ancêtres allèrent se coucher à l'étage, me laissant seul avec mes réflexions monotones. Je me servis un verre d'un whisky d'avant-guerre et m'allongeai sur le vieux canapé en cuir vert pour mieux me délecter du spleen de Noël. Il n'y avait pas de télévision. Pas si grave, me dis-je, je ne pense pas qu'un éternel film racontant l'histoire d'un chef d'entreprise richissime qui-délaisse-sa-famille-le-soir-de-Noël-mais-qui-tombe-en-panne-d'ascenseur-avec un-clochard-alcoolique-qui-s'avère-être-un-extra-terrestre-philosophe-capable-de-remonter-dans-le-temps-ce-qui-va-lui-permettre-de-sauver-les-phoques-de-Laponie-et-ses-enfants-du-suicide aurait arrangé mon cas. Si ma s ur avait été là, on aurait au moins pu faire un Monopoly et se disputer… Mais elle travaillait ce soir-là. Tout en pensant lentement, je regardais avec désintérêt le feu lécher les grosses bûches de bois. La grosse horloge murale me tira de ma somnolence en sonnant les douze coups de minuit. Ça et le vent lugubre qui soufflait à la fenêtre, des monstres en tout genre n'allaient pas tarder à débarquer, me dis-je, tentant de me faire peur pour me stimuler un peu. Mais alors que je me débattais avec des fantômes irréels, je faillis faire un arrêt cardiaque en voyant de l'eau tomber à travers la cheminée et éteindre les braises. Quelqu'un descendait maladroitement à travers. Tout cela semblait assez surréaliste ; je me demandai quel cambrioleur était assez stupide pour s'aventurer jusque-là et tenter de s'emparer d'un tas de vieilleries glauques, mais m'armai du tison au cas où. Soudain, j'entendis la personne glisser et tomber juste devant moi en dégageant un nuage de suie. Elle toussait. Elle, oui, une jeune fille aux cheveux blonds, habillée d'un haut et d'une minijupe rouges et blancs et dont les longues jambes étaient passablement noircies par la cheminée qui n'avait pas dû être ramonée depuis plusieurs siècles. - Ça va ? Lui demandai-je en me penchant vers elle pour l'aider à se relever par réflexe de gentleman, avant de me rendre compte que ce qui se passait n'avait aucun sens. - Oui je crois, merci ! Me dit-elle avec un sourire innocent. Mais elle prit soudain une mine effrayée : - Oh Non ! Qu'est-ce que tu fais là toi ? C'était pas prévu ! Mince ! Tu m'as vue ? - Bah… Oui ! Lui répondis-je d'un air soucieux quant à sa santé mentale (et à la mienne en passant). - C'est pas vrai ! Je suis trop nulle… Elle alla s'asseoir sur le canapé et se prit la tête entre ses mains, les coudes sur ses genoux, en sanglotant. - Fais comme chez toi… Mais elle avait l'air très préoccupée, je m'assis à côté et passai mon bras autour d'elle pour la consoler. Elle sembla se calmer un peu. - Bon, maintenant tu vas peut-être m'expliquer ce que tu faisais dans la cheminée avec le costume de la Mère-Noël… - Pas la mère, la fille ! Je suis la fille du Père-Noël et c'est ma première nuit de travail. Le plus dur dans ce boulot, c'est de ne pas se faire voir par les enfants noctambules psychopathes. Il m'avait donné cette maison pour que je me rôde parce que les habitants seraient certainement endormis comme des masses. Mais toi, tu es là, et maintenant tu vas raconter à tout le monde que je suis une incapable. En plus, j'ai oublié la moitié des cadeaux ! Elle se remit à pleurer de plus belle. - Calme-toi ! Je ne raconterai

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MARDI 25 DéCEMBRE 2012

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