LE DOMAINE MOREL

Monsieur Morel possédait une terre majestueuse, transmise de père en fils depuis des générations. Niché à moyenne altitude quelque part sur la façade ouest du Massif Central, son domaine était visible de très loin depuis la route qu'il fallait emprunter pour s'y rendre. En arrivant au domaine, on pouvait voir les poulets courir à l'extérieur, tout près du pré verdoyant où vaches et chevaux circulaient en toute liberté. Un drôle de bonhomme, vêtu d'une simple salopette en denim, semblait être en charge de la cour. Personne ne nous l'a présenté et lui-même ne s'est pas introduit à nous. Ce paysage époustouflant contrastait vivement avec l'intérieur du domaine Pour sa communauté. François R. Morel était considéré comme un phare. Il était fameux pour avoir publié une série d'essais philosophiques et sociologiques, en plus d'être passé maître dans l'art de l'agriculture. Sur son site Internet axé sur « l'histoire de la décadence de l'humanité », des gens de l'élite intellectuelle étaient invités à s'inscrire à des week-ends mondains donnés une fois par semaine durant tout l'été. Des concours de poésie, des prix de présence et des réjouissances en tous genres étaient au programme ! Durant l'été, donc, quatre postes s'ouvraient pour des étudiants universitaires et j'étais enthousiasmé d'avoir été retenu pour passer l'été là-bas. C'était trop bien rémunéré, 1000 euros par semaine, et l'endroit était magique. Dès notre arrivée, on nous assigna chacun un lit dans une chambre de la cabane du « bonhomme », une petite maisonnette en périphérie du domaine. Le « bonhomme » ne parlait pas, ne nous regardait pas et, pour tout dire, il nous fichait tous la chair de poule. Nous étions quatre jeunes dans la vingtaine à travailler sur le domaine en question. Dès notre première soirée, monsieur Morel, un chauve un peu replet dans la cinquantaine, nous a confié un uniforme à chacun. Moi, je devais être l'hôte principal qui allait servir les cocktails et transporter les chariots de victuailles jusqu'aux convives installés dans le living room. Je devais apporter les différents services, conçus pour émerveiller ces fins palais tout au long de la soirée. Bastien, un blond-roux bien bâti, me faisait penser à un Allemand que j'avais connu des années auparavant, lorsque j'avais réalisé un tutorat à l'école. Il serait l'aide cuisinier et aurait à présenter chaque plat, chaque en-cas aux convives avant mon service. Celui-ci devrait donc apprendre par c ur les menus qui seraient servis chaque semaine. Antoine, garçon poli aux traits légèrement maghrébins, serait le portier. Il était de loin le plus beau de nous quatre. Imberbe, visage de chérubin, peau mate. Christian, un blond bronzé et athlétique, avait écopé du job de valet de parking. La première journée, monsieur Morel nous a tous demandé d'enfiler nos bottes et nos impers afin d'aller aider le « bonhomme » à nettoyer le terrain de fond en comble. Il pleuvait des cordes et le vieux bizarre a semblé apprécier notre aide, toujours sans nous jeter un regard. Nous avons tenté de garder notre bonne humeur et notre entrain, en faisant plus ample connaissance, malgré la froideur qui transperçait nos vêtements et notre peau. Durant cette première journée, qui fut longue et pénible, des voitures allaient et venaient au domaine. Nous avons eu comme consigne d'aller nous coucher dans notre maisonnette dès notre tâche terminée et on nous a signifié qu'un dîner nous serait exceptionnellement apporté. Une missive accompagnait notre repas, stipulant qu'il convenait d'avoir la forme pour le lendemain, jour J. En tentant de m'endormir le soir, je me suis souvenu avec effroi que lorsque nous nous sommes déshabillés pour mettre des vêtements secs, un peu plus tôt, le « bonhomme » s'est arrêté et nous a fixés de ses yeux vides. Il y avait quelque chose chez ce mec mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Quelque chose de dérangeant, d'effrayant même Et alors que je peinais à m'endormir. Bastien a renversé la tête vers ma couche, située sous la sienne, pour me chuchoter : - Ça fout les jetons de savoir qu'on doit dormir sous le toit de ce gars-là Il est crados, mec Une moue de dégoût accompagnait cette affirmation et je ne dis mot de peur que le concerné m'entende. C'était le genre d'homme que vous ne voulez surtout pas contrarier. Il faisait au moins deux têtes de plus que Bastien, qui déjà était le plus grand de nous quatre et que je considérais comme un géant en comparaison de ma taille normale. Et puis une forêt sans fin bordait notre maisonnette.

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MARDI 25 SEPTEMBRE 2012

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