GRAIN DE BONHEUR SUR MONTPARNASSE

Montparnasse 20h. Il fait chaud. Mon train part dans quelques minutes. Je fais les cent pas devant la voiture. L'air est étouffant, la chaleur, les orages d'août, la pollution. Dix pas vers l'avant de la voiture, demi-tour. Dix pas vers la gare, et on recommence. Demi-tour, un groupe de personnes viens vers moi. Demi-tour, ils me dépassent. Direction la gare, une jeune fille, jeune femme. Je ne sais pas, elle est trop loin, s'approche. Elle marche d'un pas décidé. Elle porte une chemise d'homme, blanche trop grande. Le dernier bouton est ouvert. Une jupe. Elle avance pour conquérir le monde. Elle est maintenant proche. Dix pas, direction la tête du train. Elle ne me double pas. Elle a dû monter à bord. Un pivot, elle est face à moi. Cheveux bruns, presque noir, teint clair, peu ou pas de maquillage. Elle est jeune. Vingt ans peut-être. Son visage est ovale, un peu pointu au menton. Un nez un peu long mais homogène avec le visage. Elle a toujours l'air décidé. Trop. Je me dis qu'elle doit être du genre à s'effondrer. Que cet air décidé, est artificiel, une façade. Cela masque une peur d'affronter le monde. Sa tenue, son expression, sa démarche, tout pousse à penser qu'elle va dévorer le monde, qu'elle fonce vers l'avenir. Tout sans nuances aucunes. Dix, je repars vers l'avant. Elle doit faire comme moi, attendre dehors l'heure du départ. Un tour sur un pied. Elle attend. Je ne vois plus son visage. Elle est plantée là, solidement posée sur le sol. Je monte, ce n'est plus que question de secondes. J'arpente l'escalier pour m'installer à l'étage. Sonnerie, portes fermées, le train démarre. J'ouvre la fenêtre. Je regarde les quais de la gare. Mon regard se perd. Mes idées s'entre choquent. La fatigue de la journée. Je sors de mon absence. Mon regard est plongé dans le vague vers l'espace d'accès à la voiture. J'ajuste ma vision pour voir autour de moi. Elle est en face de moi en bas. Elle regarde dehors. Une mèche lui tombe sur les yeux. Elle n'arrête pas de la remettre en place. Elle n'est pas ce qu'on appelle un canon de beauté. Mais elle est belle. Il se dégage d'elle un certain charme. C'est air volontairement fort évoque en moi de la tendresse. Je ne sais pourquoi. Mais je suis sûr d'avoir raison. Elle se cache derrière une façade. Je la regarde. Ses mains masquent son visage tourné vers la fenêtre. Elle jette un il. Ils bougent rapidement, s'arrêtant sur les personnes du wagon. Elle croise mon regard. Une fraction de seconde son visage se fige. Elle se tourne vers la fenêtre. Elle s'enferme. Derrière ses cheveux, ses yeux viennent furtivement à ma rencontre. Il repart vivement comme on retire une main du feu. Mes yeux ne quittent pas son regard. Sa carapace percée, elle se recroqueville. Je l'ai gênée. Je regarde dehors. Je n'aurais pas dû insister. J'ai bien vu qu'elle ne supporterait pas un regard aussi incisif. Je me traite d'idiot. je change de position. Un il se pose sur elle. Elle me regardait. Son visage se fige, puis se ferme. Elle repart vers sa fenêtre. Moi aussi. Du coin de l' il, je constate qu'elle me regarde de nouveau. Je me compose une expression calme, avenante. Je ne veux pas l'effrayer. Aura-t-elle le courage de me fixer dans les yeux ? Je me tourne vers elle. Expression douce et relativement neutre. Son visage se fige. Ses yeux fuient vers la fenêtre. Ils reviennent. Refuient. Elle a compris que je la regarde, que je ne la quitterais pas des yeux. Elle tente d'affronter mon regard. Ses yeux résistent. Tout son être semble l'abandonner. Elle essaie encore. Elle parvint enfin à accrocher mon regard. La peur se dessine sur son visage. Il faut que j'arrête. Ses yeux tentent désespérément de fuir. Je vais l'effrayer pour de bon. Je retourne à ma fenêtre. Je jette un il, elle s'est détendue. Elle semble perdue, comme incapable de revêtir sa coquille. Elle se recompose cet air volontaire. Toujours tourné vers ma fenêtre, je la vois du coin de l' il, elle cherche à me regarder. Ne pas lui faire peur. Je me présente plus souriant, toujours doux dans l'expression. Son regard s'accroche, tente de fuir, n'y parvient pas. Son expression se décompose. Je lui souris. Elle est tétanisée. Elle respire fort. Je suis à plus de dix mètres, je sens son c ur s'emballer. Elle est rivée à mon regard. Je la sens paniquer. J'ai

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MERCREDI 5 DéCEMBRE 2012

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