JACQUELINE ET LE CAVALIER

Jacqueline ne voulait pas s'apesantir sur sa faillite et sur la mort tragique de son père. C'était trop pénible. Elle voulait courageusement songer à l'avenir sans gémir sur le passé. Elle ne voulait pas se laisser engloutir sous la ruine mais au contraire, elle voulait construire sa vie autrement. Durant de longues heures, la nuit précédente, elle avait réfléchi à sa situation et elle s'était dit qu'elle allait jouer un rôle, comme une actrice sur scène. Il fallait qu'elle se mettre dans la peau de son personnage. À quoi lui servirait de continuer à penser qu'elle était la belle et intelligente Jacqueline, autrefois immensément riche et aujourd'hui contrainte d'accepter le rôle de bonne pour lequel elle postulait. Elle était enfin sortie du bureau de son nouvel employeur. Elle soupira de soulagement à l'idée d'avoir passé le premier obstacle et se permit enfin de regarder autour d'elle. Déjà, en arrivant en voiture par la grande allée, elle avait eu le souffle coupé en découvrant l'immense bâtisse avec ses tours, ses toits pentus, ses tourelles et ses cheminées aux formes baroques se découplant sur le ciel. Jacqueline ouvra une porte menant à une pièce très agréable dont les deux fenêtres donnaient sur la façade principale de la demeure, à côté de la chambre. Elle remarqua avec satisfation que dans les deux pièces, il y avait d'épais tapis sur le sol. Tous les meubles étaient laqués blanc, il y avait plusieurs commodes et deux fauteuils confortables, la salle de bain était juste en face, dans le couloir. Ses quartiers de bonne lui plaisaient. Un mois se passa. Puis, un après-midi ensoleillé de la fin avril, elle termina plus tôt que prévu ses obligations. Elle avait deux bonnes heures de liberté devant elle. Sans même prendre la peine de mettre un chapeau, elle décida de s'aventurer à l'intérieur du manoir. Comme elle s'y attendait, elle découvrit au bout du couloir un petit escalier en colimaçon destiné aux domestiques. Au bas des marches, une porte dérobée donnait dans les jardins. Jacqueline sortit sans bruit et s'avança dans une allée bordée de rosiers en fleur. Face à elle se trouvait une fontaine de pierres sculpées, entourée d'un large bassin. De superbes jets d'eau s'élevaient vers le ciel, parmi les nénuphars, et elle aperçut des dizaines de poissons aux reflets d'or et d'argent. Continuant sa promenade au hasard, elle traversa un grand nombre d'allées, contourna des bosquets touffus et admira de multiples massifs fleuris, avant d'atteindre le verger. Non loin du champ d'arbres fruitiers, elle vit un enclos dans lequel on avait dressé une série d'obstacles pour les chevaux. Jacqueline s'approcha des écuries de la maison, qui se trouvaient à quelques mètres de là. Oserait-elle aller les explorer ? Avant qu'elle ait eu le temps de se décider, elle entendit le pas d'un cheval franchissant le portail de l'enclos. Elle recula et l'observa, l'animal ruait et se cabrait, si bien que l'homme, qui le montait avait le plus grand mal à se maintenir en selle. On voyait pourtant à son allure que c'était un cavalier émérite. Il avait sûrement autant d'expérience et d'habileté que son père, songea Jacqueline, non sans admiration. L'homme obligea le cheval à faire demi-tour et le dirigea vers le premier obstacle. Celui-ci était haut mais Jacqueline savait qu'elle l'aurait franchi sans difficulté. L'animal s'approcha de la barrière mais en même temps, il baissa l'encolure, si bien que son cavalier, malgré tous ses efforts ne put éviter une chute plutôt rude. Comme s'il était content de l'excellent tour qu'il venait de jouer au cavalier, le cheval releva fièrement la tête et s'éloigna au galop. Jacqueline poussa une exclamation étouffée. Puis sans hésiter davantage, elle franchit le portail de l'enclos pour se porter au secours de l'inconnu. Celui-ci était allongé, immobile, face contre terre. Jacqueline s'agenouilla auprès de lui et lui posa une main sur l'épaule. Le malheureux cavalier, encore tout étourdi par sa chute, se redressa lentement et lui lança un regard très étonné. - Êtes-vous blessé ? S'enquit-elle - Je ne sais pas… Êtes-vous donc un ange en personne ? Balbutia l'homme. Jacqueline s'attendait si peu à cette réaction qu'elle éclata de rire. - Non ! Je ne suis pas une personne aussi importante. Répondit-elle avec un sourire espiègle. - Je ne suis que… Jacqueline. L'inconnu sourit et elle s'aperçut alors qu'il était très beau. Il ne portait ni veste, ni cravate et avait sinplement noué un foulard de soie autour de son cou. - Jacqueline ! S'exclama-t-il. Je ne m'étais donc pas tellement trompé ! J'ai bien failli être tué par ce

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JEUDI 10 NOVEMBRE 2011

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