UN MONDE À PART

D'où je viens, on ne voit jamais la croupe des demoiselles à moins d'être convoqué sous leur couette. Depuis l'époque où je vous parle, on brûle les gens pour leurs préférences érotiques et spirituelles. On est à l'aube du dix-septième siècle et un miracle se sera produit si mon écrit perdure jusqu'à ce soir. À chaque minute, les forces de l'ordre menacent tout écrivain trop philosophe de saisir ses oeuvres, tout peintre trop indécent de briser son matériel et surtout à tout homme de science trop pertinent de brûler ses recherches. On est à l'ère de la peur, une époque où l'on tue pour ce dieu vengeur que les hommes en soutane vénèrent tant. La guerre fait rage depuis plusieurs siècles et un climat de chasse aux sorcières est depuis longtemps établi. On copule avec les femmes presque sous le nez des prêtres, mais pour une pipe entre hommes, c'est au fond d'une étable ou à l'ombre d'un donjon qu'il faut s'y prendre. Depuis mon jeune temps, je batifole avec des hommes, classes sociales et générations confondues. On se cache mais on vit quand même. On le fait en silence mais on jouit tout de même. Ce n'est certes pas l'endroit idéal pour un esprit libre dans mon genre, si l'on compare à paris où les bordels s'empilent les uns sur les autres. Si l'on me surprenait sur le foin d'une étable à sodomiser mon amant, je n'aurais même pas droit à un procès en règle et encore moins à la clémence des autorités. La seule chose à laquelle j'aurais droit, c'est la bagne. Si les prostituées sont sévèrement punies pour leurs actes, les homosexuels sont chassés au même titre que ceux souffrant de la peste. Nous sommes considérés comme une forme de peste… Dans mon village, des hommes ont créé ce qu'on appelle ‘'l'auberge du monde à part''. C'est un endroit où les hommes peuvent boire du bon vin en compagnie de belles filles de joie. L'endroit est déguisé en vieux bordel parisien. Je dis ‘'déguisé'' car son but est tout autre. À travers les femmes à moitié nues qui y déambulent se trouvent des initiés qui n'ont qu'à pousser une petite trappe dans une antichambre afin de prendre part à une orgie de mâles décadents. C'est un endroit tabou, même pour la plupart des homosexuels qui viennent se faire pomper une fois par semaine. Pour être admis dans cet antre de la débauche, on doit dissimuler son visage derrière un masque, et c'est la seule loi qui règne dans cet endroit où l'odeur de foutre domine absolument tout C'est l'endroit que j'avais décidé d'abandonner (à 44 balais, on perd le goût du risque), la fois où des gardes armés, sous les ordres du roi et alors qu'il y avait un bain de dizaines d'hommes s'enculant et se pompant goulûment, avaient en tête de tout raser et d'emmener les fautifs au bûcher. La seule chose qui nous ait sauvé, c'est qu'au moment d'identifier les hérétiques en enlevant leurs masques, les gardes s'aperçurent de la présence incongrue de deux conseillers du roi en plus de fermiers et de certains nobles… Plusieurs pères de famille étaient aussi du nombre, et surtout beaucoup d'hommes du clergé qui croyaient ne jamais être démasqués. Un terrible secret venait d'être dévoilé : au moins un homme sur deux était attiré par les gens du même sexe (sans parler de toutes ces femmes s'amusant entre elles avec des phallus en bois). Qu'auraient-ils pu faire ??? Tous les condamner au bûcher et décimer, par le fait même, la moitié des habitants du village ? Non. Il préférèrent s'abstenir de tout massacre et une loi du silence fut donc décrétée sur l'endroit. Le plus marrant dans tout cela, c'est qu'au moment où les gardes étaient apparus, la vision de tous ces hommes en pleine sodomie brutale avait provoqué quelques gonflements dans plusieurs de leurs pantalons. De quoi décourager les autorités à blâmer les homosexuels qui, de façon apparente, grouillaient en masse parmi le peuple. Ce fut une nouvelle réjouissante pour tous les hommes participant aux ‘'nuits du monde à part'' et ce soir, je compte bien y amener mon nouvel amant. C'est un homme avec qui je baise depuis quelques lunes et qui, à ma demande, veut tenter une orgie. Je lui ai fait savoir que je connaissais un endroit sûr pour ce genre d'ébats, lui-même au courant que sa vie pourrait prendre fin ce soir si l'on venait à nous surprendre en mauvaise posture. Avant d'entrer, j'embrasse mon blondinet passionnément

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JEUDI 5 MARS 2015

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