NUIT ORGIAQUE…

Lorsque je n'étais encore qu'un jeune homme, mon plus grand rêve était de jouer de la guitare dans un groupe rock. Il ne me manquait qu'une guitare et un groupe… Petit détail aux yeux d'un ado à qui l'avenir semblait sourire… Tous ceux à qui j'en parlais me disaient que je visais trop haut, que je n'y arriverais pas. Mais au lieu d'écraser toute ma volonté, cette attitude venant des gens qui auraient dû m'encourager, ne fit que renforcer mon désir de poursuivre mon but. Ce que je fis à l'âge de 15 ans, dans le vieil entrepôt de mon beau-père, avec mes deux meilleurs copains du lycée. Nous nous retrouvions après l'école pour pratiquer nos chansons que nous espérions bientôt voir au top des palmarès. Damien était à la basse et Thierry, le plus vieux d'entre nous, aux percussions. La séance se terminait souvent tard le soir et nous n'en manquions aucune. Évidemment, nous vieillîmes et graduèrent ensemble sans que nos chansons ne deviennent les succès que nous escomptions. Le temps passa et c'est avec regret que nous nous séparâmes, vers l'âge de 20 ans, pour aller étudier chacun de son côté. Thierry entamait des études en droit à Paris alors que Damien s'envolait pour l'Irlande afin d'aller récolter l'héritage d'un vieil oncle décédé, un héritage qui était en fait une vieille maison dans laquelle il allait s'installer. Alors, restant seul à Lyon pour commencer mes études supérieures, j'oubliai notre vieux rêve assez vite, subjugué par la tonne de travaux à faire pour la fac. Je devins un professeur de sociologie réputé et ayant perdu mes amis d'enfance définitivement, un nouveau cercle de gens vint à m'entourer. C'est vraiment à ce moment que j'ai trouvé ce qui clochait avec moi : je n'aimais que les hommes, d'où l'absence de femmes dans ma vie… Comment avais-je pu me cacher cela durant sept années de ma vie ? Au fond, j'avais toujours fantasmé sur mes copains mais la honte me faisait taire ce désir, aujourd'hui éveillé. Bref, j'eus quelques aventures douteuses avec des hommes qui ne me respectaient pas. Ils n'en avaient qu'après mon portefeuille et je regrettais mes deux meilleurs amis amèrement Et de plus en plus. Un soir où j'étais encore seul, je sentis un grand vide en moi. Ce néant qu'était devenu ma vie me fit reprendre contact avec mes amis d'enfance qui, je le croyais, ne cracherait pas sur des retrouvailles après toutes ces années d'absence. Je leur envoyai donc une invitation à tous les deux dans l'espoir de les voir arriver au plus tôt. Noël approchait et je sentais que ce ne serait pas Noël sans eux… Ils répondirent finalement à mon invitation, mais pour me dire qu'ils ne pourraient pas venir. J'étais au comble du désespoir et ma vie, bien que mon job me rapportait beaucoup de fric, devenait plus insipide qu'un tas d'asticots grouillants. Je passai donc Noël seul, sur mon canapé, à me complaire dans un statut de victime que je m'étais mentalement attribué. J'étais sans intérêt, et ce, même pour mes meilleurs amis. Je déversai un torrent de larmes, ce que je m'étais retenu de faire depuis plusieurs années de déboires personnels. J'étais au stade de l'hyper ventilation lorsque j'entendis sonner. Sûr qu'il s'agissait là d'une de mes conquêtes en manque de sexe, je pris mon temps pour ouvrir. C'est à peine si j'eus une réaction lorsque j'aperçus Thierry et Damien avec des cadeaux pleins les bras. Je restai muet et paralysé pendant un long moment. Ils restaient là, médusés par mon absence de réaction !! Ils s'exclamèrent pourtant : - Joyeux Noël !!! Je balbutiai quelques mots incompréhensibles avant de réaliser que mes deux potes étaient bel et bien devant moi, sur le pas de ma porte. Je sautai de joie et je les pris dans mes bras presque brutalement tant mon exaltation n'avait pas de limites. Je les invitai à entrer puis je leur servis chacun un café qu'ils burent presque d'un coup. J'ouvris la conversation aussitôt : - Le voyage a été long ? Ils se regardèrent d'un air complice avant que Damien ne me réponde : - Pas tant que ça, disons que nous avions beaucoup à nous dire… Un peu surpris, je rétorquai : - Ah ! Oui ? Pour ma part, je n'ai pas grand chose à raconter si ce n'est que vous m'avez atrocement manqué… Et que je ne sais pas comment vous remercier d'être venus… J'avais une boule dans la gorge mais je me retenais de démontrer quelconque signe de détresse

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DIMANCHE 29 MARS 2015

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