Une étrange triade

Ce qui a pu mettre Marina. Urielle et Milo sur le même chemin relève du plus parfait hasard. Marina bossait dans la police criminelle depuis une dizaine d'années. Elle avait rencontré Urielle, alors étudiante, à l'occasion d'un stage et la jeune femme lui avait semblé fort compétente. Marina la consultait depuis comme criminologue pour les cas les plus lourds. Un jour qu'elles enquêtaient toutes les deux sur une affaire de meurtres, un journaliste leur avait filé quelques tuyaux, de façon parfaitement désintéressé. Il était devenu rapidement un de leurs meilleurs indics. Un soir donc que ces trois chevaliers de la justice picolaient solide, des confidences inévitables se firent et voilà qu'ils se reconnurent comme des célibataires malheureux en amour. Une idée fanfaronne jaillit alors du cerveau embrumé de l'espiègle Urielle : -Et si on se mettait ensemble tous les trois ??? L'affaire fut conclue pour la fin de l'année et l'on aménagea dans la bonne humeur et l'étonnement car l'on n'avait jamais vraiment cru mettre ce projet à exécution. Cependant, ils cherchèrent ensemble un endroit où vivre et le trouvèrent facilement. Leurs goûts, leurs manières, leurs besoins, leur horaire respectif, tout concordait avec une aisance incroyable. Ils étaient faits pour partager leur existence. Leur histoire troublée débuta après quatre mois de cohabitation. Marina traquait un tueur de vieillards depuis des semaines et elle était à cran. Quelques jours plus tôt, elle avait surpris Urielle qui roulait des pelles à une jolie brune dans sa voiture. Cela l'avait mis dans un drôle d'état. Un instant, elle s'était vue à la place de la jolie brune. Lorsqu'elle apprit qu'Urielle partait pour le week-end avec sa nouvelle flamme. Marina fut choquée. C'est alors qu'elle conçut le projet de jeter son dévolu sur Milo. Il est vrai qu'Urielle était une bombe sexuelle, une dragueuse incorrigible et surtout une superbe jeune louve de 25 ans. Une brunette aux cheveux courts, vaguement bouclés et aux yeux d'un bleu de ciel chargé d'orage. Elle était redoutable, rebelle, indomptable, frondeuse et surtout salement provocante. Quant à Milo, c'était un homme de 35 ans, éternel adolescent à la fraîcheur impérissable et au cœur grand comme une cathédrale. C'était un prince charmant largué dans un pays où les princesses n'existaient plus. Ses deux compagnes étant plus viriles que lui en quelque sorte, il était donc devenu, par la force des choses, l'élément féminin de cette étrange triade. Comme il rédigeait la plupart de ses articles directement de la maison, il lui convenait tout à fait de cuisiner et d'entretenir l'appart. Lorsque Marina annonça à Milo qu'elle prenait en main le repas du soir et qu'elle souhaitait qu'il ne se pointe à l'appart que vers 19 heures, comme s'il était un invité. Milo fut ravi. Car Milo était très épris de Marina. Secrètement, bien sûr. Cette femme était pour lui une sorte d'idéal, son complément parfait. Elle dégageait une énergie masculine fascinante. Elle était grande, bien dessinée, des hanches d'enfer, des fesses rebondies qu'elle ne manquaient jamais de révéler en portant des pantalons sur mesure, du plus moulant tissu. Ses cheveux châtains, qu'elle portait toujours très courts, avaient une longue frange qui tombait sur le côté gauche de son visage et lui donnait des airs de loubard. Mais le plus impressionnant chez Marina était forcément ses yeux, d'un noir presque affolant, un puits sans fond dans lequel il fallait prendre bien garde à ne pas sombrer. Avis que n'avait pas respecté le pauvre Milo. Il se pointa autour de 19 heures, comme convenu, avec les bras chargés d'un dessert prometteur et de trois bouteilles d'un Saint-Chignan tout à fait respectable. Il était vêtu sobrement d'un jean, d'un blouson de cuir et d'une chemise de lin. Milo était un tantinet rêveur, ce qui constituait l'essentiel de son charme physique car il n'était ni très grand, ni très costaud. Marina l'accueillit avec un air de malice dans le regard et Milo flotta sur un nuage de bonheur. C'était véritablement un romanesque ! Ils firent ripaille et burent plus que de raison. Ils se racontèrent des choses de leur vie qu'ils ignoraient encore. Marina avait fait un choix musical de circonstance et des mélodies de Portishead se mêlaient à des rythmes de Massive Attack ainsi qu'à des airs d'Enigma. Marina rayonnait d'une énergie si ardente que Milo se sentait envahit d'une chaleur intense et inexplicable. Elle avait passé son bras derrière sa nuque, sur le dessus du canapé. Elle s'était tourné vers lui et le fixait de ses billes noires sans pupilles et Milo se liquéfiait…

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DIMANCHE 17 JUILLET 2005

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