ÉVASION NOCTURNE

Emmanuel a été mon premier amour. J'avais dix-huit ans, il en avait vingt. J'étais fou de lui. Fou dingue, fou à mourir. À tel point que trois ans après notre séparation, j'ai toujours du mal à m'en remettre et que je n'arrive pas à l'oublier. J'aurais fait n'importe quoi pour lui et je l'ai fait, comme par exemple, aller le rejoindre en pleine nuit, au risque de me faire surprendre par mes parents, en passant par les toits et en empruntant un chemin parfois dangereux. Emmanuel, lui, logeait dans un petit studio de Nîmes, ce qui lui laissait une totale liberté. Pour moi, c'était très différent. J'habitais encore chez mes parents et ils n'étaient pas du tout au courant de mon homosexualité. De plus, ils étaient assez sévères et rigides. Je ne pouvais pas sortir le soir. Pour mon père, c'était les études d'abord… Sa phrase préférée était de me dire : - Fais-toi une situation et tu t'amuseras après. Mais moi, je ne pouvais pas. Me coucher seul de mon lit et savoir Emmanuel seul dans le sien. Cette seule pensée m'empêchait de m'endormir. Je pouvais voir Emmanuel dans la journée mais mon grand rêve était de pouvoir passer une nuit entière avec lui, dormir dans ses bras après avoir fait l'amour plusieurs fois de suite. Par chance, j'avais une chambre sympa, au dernier étage de l'appartement de mes parents avec un minuscule balcon qui donnait sur les toits. Je n'y ai pas songé tout de suite mais le soir où j'y ai pensé, je me suis dit que ce serait complètement fou et trop risqué. Mais à partir du moment où j'avais découvert cette possibilité de rejoindre Emmanuel de cette manière, je me suis mis à étudier les toitures voisines pour trouver un éventuel passage. J'ai fait quelques incursions, le jour. Les tuiles n'étaient pas sûres et parfois glissantes. Au moindre faux pas, c'était la perspective de me retrouver dix mètres plus bas, écrasé sur le trottoir. Après plusieurs sorties sur les toits, je me sentais un peu plus à l'aise. J'avais repéré une terrasse où des gens venaient étendre du linge. Un après-midi, j'ai réussi à l'atteindre. La porte d'accès donnait sur une cage d'escaliers. C'était gagné ! Je suis descendu et je me suis retrouvé dans la rue. Mais faire un tel trajet en pleine nuit, c'était une toute autre histoire. Sans être encore certain de tenter le coup, je me suis quand même équipé d'une lampe torche assez puissante. J'ai mis de côté une paire de chaussures à crampons et chaque soir, en montant me coucher, j'étais tiraillé par l'envie de faire une agréable surprise à mon copain. Emmanuel ne savait rien des projets que j'avais échafaudés. La nuit où j'ai décidé de jouer les monte-en-l'air, je n'avais pas pu voir Emmanuel de la journée. À plusieurs reprises, j'ai eu la peur de ma vie. Il m'a fallu marcher à quatre pattes sur les tuiles, prendre appui sur une cheminée ou contre une antenne de télévision. J'ai failli perdre ma lampe mais lorsque je suis arrivé à la terrasse qui m'intéressait, j'ai éprouvé un grand sentiment de victoire. Je me souviens encore très bien de la tête d'Emmanuel quand il m'a trouvé devant la porte de son studio. Je l'avais réveillé, il était en slip, les cheveux ébouriffés et il m'a simplement dit : - Qu'est-ce que tu fous là, à cette heure ? Tes vieux t'ont laissé sortir ? Une fois rentrée chez lui, je lui ai tout expliqué. Mais auparavant, je m'étais mis tout nu et je m'étais glissé dans son lit. Il faisait chaud sous sa couette, c'était très agréable de pouvoir enfin passer une partie de la nuit, et je lui ai raconté mon aventure d'équilibriste. Emmanuel a réagi en me disant : - Tu es complètement dingue, comme mec ! J'étais fier de mon exploit et aussitôt après, j'avais ses lèvres tièdes contre les miennes. Après ce baiser, je lui ai murmuré : - Si tu veux, on baise toute la nuit. Une première nuit ensemble, ça se fête, non ? Je crois qu'Emmanuel était aussi heureux que moi. Nous nous sommes longuement embrassés et caressés. Nous n'étions pas pressés de jouir et de prendre notre plaisir ensemble. J'ai pris le temps de lécher chaque parcelle de peau de son corps, de sucer ses seins si sensibles, amusé de les voir s'ériger durement sous mes coups de langue. Ce n'est qu'un

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MERCREDI 20 JANVIER 2010

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