UNE FEMME AFFAMÉE - 3

Devant avoir vu mon air effarouché, une grande blonde s'approcha de moi et me prit la main : - Que vous arrive-t-il ? C'est votre première fois parmi nous, c'est bien ça ? - Ou… Oui, je ne sav… - Ne vous inquiétez pas. Cela vous trouble donc à ce point ? Rien ne vous oblige à rester vous savez. - Non, je ne veux pas partir, simple… Simplement que je suis surprise, je ne m'attendais pas à ce genre de… De soirée. - Daphné ne vous avait pas mise au courant ? - Non, du tout. Vous vous réunissez souvent comme ça ? - Ça nous arrive, mais cela ne se déroule pas toujours ainsi, cette soirée est un peu spéciale, beaucoup d'entre nous ne se sont pas vues depuis un bon moment, ce sont des retrouvailles pour ainsi dire. - Heu… vous avez une façon un peu particulière de vous retrouver… - Vous avez déjà touché le corps d'une femme ? - Non ! Enfin… Non ! Je suis mariée et très satisfaite comme cela… Et pendant que je rétorquais, dans un mouvement pour redresser sa frange, sa main me frôla le sein gauche, qui fut parcouru d'un frisson irradiant mon crâne, puis refluant jusqu'à la pointe des petites lèvres. Je me sentis toute drôle, et cette fois, je ne pus cacher mes rougeurs. - Vous avez tort, c'est si agréable… Mon nom est Rébecca au fait, et vous ? - J… Je m'appelle Clémentine… Enchantée… - C'est un très joli prénom. - Merci. - Tenez, prenez, dit-elle en prenant ma coupe vide et m'en tendant une nouvelle. À votre première soirée parmi nous donc ! - C'est que je conduis, vous savez… - Allons, ce n'est pas grave, juste une petite coupe en plus, et puis vous n'allez pas nous quitter maintenant, n'est-ce pas ? - Non, bien sûr que non… Mais… D'accord, à votre santé. - Allons nous asseoir, nous serons plus à l'aise pour parler. Je la suivis en promenant mon regard sur les invitées. Certaines parlaient encore, quant à la grande majorité d'entre elles, on ne les entendait plus, occupées qu'elles étaient. Une des deux premières aperçues ne portait plus de haut, et sa partenaire laissait glisser sa langue le long de la courbe de ses seins en poire. Il fallait que je sorte d'ici. - Cela fait longtemps que vous travaillez pour Daphné ? - Non, j'ai commencé il y a environ six mois. Je n'y connaissais rien en politique auparavant… Et vous ? Que faîtes-vous ? - Oh, moi je suis PDG d'une petite entreprise de cosmétiques et je tiens aussi une galerie d'arts dans la vieille ville. C'est ma petite folie en quelque sorte. Elle ne me rapporte rien, mais j'adore les arts visuels. Et notre époque fourmille de tant de talents… C'est incroyable le nombre d'artistes que je reçois… Et le nombre que je dois refuser. D'ailleurs la grande majorité d'entre eux ne peuvent vivre de leur art et sont pour ainsi dire des artistes du dimanche. Moi-même il m'arrive de peindre des aquarelles à mes heures perdues… Vous n'avez pas une passion cachée ? Un loisir auquel vous vous adonnez régulièrement ? - Oh non, pas du tout… Quoique je tricote parfois, surtout lorsque je suis enceinte, mais on ne peut parler d'art en ce qui me concerne, ce ne sont que de banales couvertures ou parfois de grosses paires de chaussettes pour l'hiver. - Détrompez-vous ! Pour moi chaque création humaine est une forme d'art. À partir du moment où l'on commence à transformer la matière, à ériger à partir de rien ou de deux bouts de ficelle, cela peut-être considéré comme un art. À condition bien sûr, qu'il y ait une once de la personnalité du créateur dans son œuvre, que cette dernière soit une expression de son être, léger ou profond. Tout dépend de l'approche de l'artiste. Un maçon choisissant chacune des briques d'un mur pour en dégager une harmonie d'ensemble, qui prend soin de les fondre le plus délicatement possible au ciment qu'il a préparé avec amour, et qui au final réalise une solide paroi homogène, belle à l'œil, qu'il signe discrètement de son nom dans un ciment qu'on ne verra jamais, vaut-il moins qu'un Picasso qui malencontreusement fait tomber un pot de peinture sur une toile, la ramasse et signe ostensiblement l'œuvre, entre guillemets, pour la consacrer en œuvre d'art ? Je ne le pense pas. Cette conversation sur la conception de l'art était pour le moins incongrue dans ces lieux où à un mètre de là, deux femmes se mordaient l'une et l'autre, se délectant…

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VENDREDI 25 JUILLET 2008

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