JULIEN AU CASTEL KILDARE

Le Castel Kildare était une construction datant du siècle dernier, à quelques kilomètres de d'Avignon et s'étendait sur plusieurs acres de domaine. C'était un grand château dans lequel les propriétaires d'origine avaient fait aménager une quinzaine de chambres, une bibliothèque, des jardins et même une grande salle de réception. On estimait sa valeur à près de 25 millions d'euros et le vendre était devenue la priorité de Julien Laurens, expert en transactions immobilières. Monsieur Laurens faisait visiter ce domaine depuis bientôt un an et chaque acheteur s'embarrassait de la somme faramineuse qu'il aurait à verser s'il en faisait l'acquisition. Julien restait donc en plan avec sa merveille jusqu'à ce qu'un vieux couple de Saint-Tropez lui fasse une étrange proposition. L'homme arborait une moustache sans âge, blanche comme une première neige et longue comme celles que portaient les tsars de Russie. Ses cheveux, aussi d'un blanc immaculé, lui encadraient le visage d'épais favoris qui chutaient jusqu'à la fameuse moustache. Il était vêtu d'une sorte de redingote que plus personne ne voyait ailleurs qu'au cinéma, une redingote noire sertie d'un gousset. Julien en prit note et se demanda s'il n'avait pas face à lui quelque vampire échappé d'une Valachie lointaine et en quête d'une sombre demeure pour commettre ses méfaits les plus horribles. Mais le vicomte Armand, ainsi se nommait-il, avait le visage rose poupin et pas de poils à la paume des mains. De plus, son vraisemblable amant, ne présentait aucune disposition pour le genre. Il était plutôt gras et sa chair prenait les teintes d'un rose très foncé comme celle des gens trop bien nourris qui présentent des anomalies cardiaques. Pourtant, tous les deux semblaient très heureux et surtout très noceurs. Si l'amant ne parlait que des fêtes qu'il allait donner au Castel, le vicomte ne songeait qu'à tous les convives qu'il ne devait pas oublier lors de la réception d'ouverture. Julien attendait sournoisement le moment d'annoncer le prix afin de crever leur extraordinaire ballon d'enthousiasme. Contrairement à ses prédictions, le vicomte et son grassouillet mignon ne jetèrent nullement les hauts cris et se contentèrent de quelques paroles au sujet de placements. Puis le vicomte proposa à Julien une singulière affaire : «Écoutez jeune homme, nous savons tous que cette demeure est, comment dirais-je, un peu surévaluée. Toutefois comme vous êtes très charmant et sincèrement avenant, je serais donc tenté de la prendre à ce prix. Mais j'y mettrai une toute petite condition : vous devrez passer une nuit avec mon amant et moi.» Il attendit ensuite de voir les effets ravageurs de sa déclaration. Julien, peu farouche malgré une femme et deux jeunes enfants, et songeant à l'énorme commission qu'il tirerait de cette vente, souleva le sourcil, haussa les épaules… et tendit la main au vicomte. C'était marché conclus ! On avait fixé la date du petit extra une fois la paperasse complétée et la commission touchée. C'est donc une dizaine de jours plus tard que Julien se pointa à la porte du Castel afin de payer son dû. Des lieds de Schumann versaient leur mélancolie à travers les croisées du séjour. Julien, très élégant dans un costard tout coton, portait une jolie chemise bleue aux imprimés fleuris. Il sonna et le gros amant vint lui ouvrir. Chaleureusement, il pressa Julien contre son énorme torse et le jeune homme eut l'impression de s'effondrer au creux d'un amas de coussins moelleux. Il était confortable, l'amant du vicomte ! Après avoir discuté de choses futiles, le vicomte Armand (qui n'était pas du tout vicomte mais simplement un riche homme d'affaires…) amena son amant et leur convive dans les cuisines. Il fit dévêtir le blond Julien et lui enfila un tablier blanc ainsi qu'une toque de chef. Il lui remit un long fouet ainsi qu'une planche à pain. Puis il sortit d'un placard à provisions un petit chariot de métal sur lequel étaient disposés une série d'objets à utiliser. Il expliqua alors à Julien le scénario qu'il avait imaginé et dans lequel il tenait le rôle d'un cuisinier pervers. Julien se fit violence pour ne pas sombrer dans un mémorable fou rire puisqu'il devait punir ses deux maîtres de leur gourmandise en les forçant à des exercices sexuels. Vraiment ! Commença alors cette curieuse scène de châtiments pendant laquelle le cuisinier improvisé se prit au piège du pouvoir. Sitôt le fouet en main. Julien le fit claquer, histoire de ne pas paraître ridicule. Il fit si bien qu'il déchira d'un coup sec toute une jambe du pantalon vicomtal. Le ravissement d'Armand, précédé d'un léger…

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VENDREDI 6 JUILLET 2007

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