NICO : DE BAISIEUX À PARIS

Il faut absolument que je raconte cette aventure, ma première virée à Paris. C'est d'ailleurs la première fois que je quittais Baisieux, mon patelin d'enfance et seul endroit au monde que j'avais connu en vingt-deux années d'existence Assoiffé de découvrir le monde et de faire des rencontres, j'ai poussé l'audace en suivant une serveuse employée par le petit bar miteux où j'avais passé ma vie de jeune adulte. Elle devait se rendre dans sa famille éloignée à Montdidier et, pour dire vrai, je me suis invité à bord de sa voiture afin qu'elle me dépose le plus loin possible de cet enfer platonique qu'était ma ville natale. Je suis parti sans avertir la famille, certain que je serais de retour avant qu'ils ne daignent prendre de mes nouvelles. Ma mère me méprisait et déplorait, chaque fois qu'elle me voyait, que je sois toujours célibataire, sans enfants J'étais encore un enfant !!! Peut-être pas de corps, mais d'esprit en tous cas. Contre toute attente, et j'en avais beaucoup à cet âge-là, Élodie m'a trouvé fort intéressant durant le long trajet que nous devions parcourir. Moi qui pouvais facilement déblatérer des heures sans me fatiguer, les filles me trouvaient habituellement assommant et répondaient par des hochements de tête en roulant les yeux au ciel sans même s'en cacher. Trop bête, je ne pouvais stopper cette logorrhée que si elles me larguaient en prétextant devoir aller aux toilettes. Jamais plus je ne les revoyais et je n'avais jamais plus entendu parler d'aucune d'entre elles. En résumé, j'avais perdu tout espoir en moi-même et en la gent féminine Mais voilà que la journée où j'avais enfin le courage et la force de tout balancer derrière et de partir à l'aventure, une femme s'intéressait enfin à moi. La vie était ainsi faite, allumeuse perfide et sournoise qui ne manquait pas de surprises Or, cette relation naissante s'est soldé comme toujours par les déboires habituels d'un mec un peu renfermé et pas très dégourdi sur le plan sexuel. Je pouvais bien me branler vingt heures sur vingt-quatre lorsque j'étais à la maison, j'avais une collection de films cochons à faire pâlir d'envie tous les gars. Toutefois, jamais je ne songeais, lorsque j'étais en compagnie d'une fille, à lui sauter dessus. J'adorais voir des gens baiser mais moi j'avais un sérieux blocage ! Je savais trop bien ce qui clochait chez moi et ça me désolait au plus haut point d'incarner ce type de personnage, déçu et décevant ! C'était comme si mon destin était de finir vieux garçon dans le nord du pays. Non merci. Moi je rêvais de trouver un job dans une grande ville, de sortir dans les clubs, de m'envoyer en l'air avec tout plein de citadines « hot » Bref de faire tout ce que la vie jusqu'à présent m'avait toujours refusé et qui me semblait si lointain et inaccessible. La meuf a donc démarré sur les chapeaux de roues afin de fuir ce mec qui n'en était pas vraiment un Ce mec qui - je m'en doute un peu - n'avait pas montré le moindre égard envers sa beauté, ni le moindre signe d'excitation ou même de virilité. Seul dans l'obscurité d'une route de campagne seulement éclairée par une enseigne de station-service, j'ai levé le pouce en espérant qu'un bon samaritain s'arrêterait pour m'amener le plus loin d'ici Mon destin était peut-être finalement d'aboutir à Paris, dans le monde moderne ! Une dame d'un certain âge m'a fait confiance et m'a permis de monter à bord de son utilitaire sport flambant neuf. Lorsqu'elle s'est mise à démontrer que je lui plaisais, j'ai pointé une gare ferroviaire en lui signifiant que c'était l'endroit où je devais descendre. Compréhensive, elle m'a déposé près des guichets en me lançant un clin d' il avenant J'ai finalement acheté un billet pour Paris et je suis allé m'étendre sur une banquette où je suis tombé raide mort de fatigue Sur le quai de la gare, je pouvais déjà apercevoir un lot de belles filles qui faisaient de l' il à des balèzes en t-shirts multicolores moulants. J'ai pris mon courage à deux mains et contrairement à mes habitudes, je me suis approché des nanas afin de leur demander quelques indications. Elles étaient toutes assises sur un banc, narguant les mecs qui passaient par là en se trémoussant les seins et en gloussant hystériquement. J'ai pris mon air le plus confiant. - Pardon les filles, savez-vous où je pourrais trouver une chambre à louer ? En fait, j'avais besoin d'un job et d'un endroit où

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LUNDI 1 OCTOBRE 2012

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