TRANSWORLD

À deux pas de chez moi, il y a un pub dont la clientèle est presque entièrement féminine. Il s'agit d'un endroit qui pourrait presque être qualifié de pittoresque pendant la journée mais à la tombée du jour, ce bâtiment, situé dans une rue du centre-ville, se transforme pour la nuit, comme Cendrillon. On éteint l'enseigne du «Pub de l'étalon» vers 21 heures et c'est une nouvelle enseigne qui s'allume alors, enseigne sur laquelle il est inscrit Transworld. Quel nom étrange ! Deux gardiens se tiennent toujours devant la porte, de vrais mastodontes, et des femmes, toutes dans la vingtaine, s'y engouffrent en tenue de soirée. Et par tenue de soirée j'entends, mini jupe au ras le cul, débardeur trop petit et talons de 10 cm ! De vraies poupées, des pin-up, bref des nanas comme je les aime. Un soir où je passais devant l'endroit, je songeai qu'il ne me ferait pas de tort d'aller jeter un oeil sur toutes ces belles femmes. Mais à peine avais-je esquissé le geste d'entrer que la grosse patte d'un Black me barra la route. Ce club VIP exigeait un code pour y être admis. Je décidai alors d'attendre la fermeture du bar et d'y revenir plus tard pour offrir de raccompagner ces demoiselles, qui je l'espérais bien, me fournirait ce code ! Quoiqu'il en soit, je trouverais bien un moyen (plus ou moins catholique) d'obtenir cette clé aux mille merveilles ! De retour chez moi, je m'offris un café ultra fort et m'installai devant mon ordinateur afin de terminer un travail universitaire. Malheureusement, comme je le remarquai le lendemain en émergeant de mon sommeil sur mon bureau, la tête enfouie entre mes bras, je m'étais fait un café… Décaféiné. Si j'avais loupé ma chance ce week-end là, je ne manquerais pas de m'acheter une machine à expresso pour que le samedi suivant, je puisse rester éveillé jusqu'à 3 heures du matin. Toutefois, le destin avait prévu autre chose pour moi et il allait se charger de me faire entrer dans ce club d'une toute autre manière… Tandis que je bossais le jeudi suivant, je remarquai sur la cheville d'une collègue un tatouage étrange qui me fit une drôle d'impression… Il me semblait avoir vu ce dessin autre part. Alors que j'étais pris dans mes pensées et que je fixais son tatouage, une étrange réminiscence me fit comprendre qu'il s'agissait-là d'une version tribale de la fameuse insigne nocturne du pub. L'ensemble donnait approximativement deux seins hors desquels se dressait un phallus. On aurait dit la représentation abstraite et inversée d'une branlette espagnole. Je fixais ma collègue en bandant comme un idiot mais je m'abstins de laisser le rouge me monter au visage. C'était décidé, j'allais la prendre à part et lui demander ce qu'il fallait faire pour être admis dans ce club. Après le déjeuner, alors qu'elle se dirigeait vers la machine à café, je lui barrai le passage, un peu comme l'avait fait le gros baraqué du club, et je lui demandai le code sur le ton du conjuré. Pendant un instant, elle observa mon bras, comme prise entre la colère et l'interrogation, puis elle se mit à rire à gorge déployée avant de pousser légèrement sur mon bras, qui ne posa guère de résistance. Elle se servit un café, tranquille, et passa près de moi sans un sourire. Sa moquerie m'avait fait redescendre sur terre. Apparemment, on n'entrait pas dans ce club simplement, il fallait vraisemblablement leur prouver que l'on en était digne. Et à constater la faible présence masculine à cet endroit, il faudrait me creuser les méninges pour élaborer un plan digne de ce nom. Rien qui ne vaut la peine n'est facile… Cette petite phrase réchauffée m'encouragea à poursuivre mon but plus que jamais ! Ce club me plaisait de plus en plus, même si jamais je n'y avais mis les pieds. J'avais peine à me concentrer sur mon boulot en me remémorant les femmes qui y entraient les soirs de week-end. La crème du genre féminin, des merveilles sur pattes, bref vous savez de quoi je parle Mon plan était déjà bien dessiné dans ma tête, me forçant à sourire de mon ingéniosité ! J'attendis le vendredi pour mettre mon plan à exécution. Je savais que si je me trompais sur la personne, j'allais avoir de sérieux ennuis. Mais Helena, ma collègue mystérieuse, ne pouvait que faire partie de cette élite féminine. Son visage rond et candide était entouré d'une crinière rousse flamboyante qu'elle laissait tomber

» Plan cul Sadirac

VENDREDI 2 DéCEMBRE 2011

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