MES VOYAGES EN SOLITAIRE

Je ne sais pas si beaucoup de femmes sont comme moi mais je n'arrive au plaisir qu'en me racontant de petites histoires perverses. Pour monter au septième ciel, je n'ai pas besoin d'un vibromasseur, d'un godemiché ou autres gadgets sexuels. Seulement mes doigts et une bonne histoire, un scénario sensuel et excitant. Il me faut quelque chose de bien polisson, d'un peu cru et d'osé, et là, je décolle. Ce que j'appelle «mes histoires», tournent autour d'images et de situations sensuelles, traversées par des personnages assez délurés et très portés sur le sexe. Femmes ou hommes, selon l'envie du moment. Au niveau des fantasmes, ce qu'il y a de bien, c'est qu'on peut tout, absolument tout se permettre. Il n'y a pas d'interdit, pas de censure. On peut s'autoriser ce que l'on veut et avec qui on veut, où on veut. Et moi, sur ce plan là, je suis bourrée d'idées, j'imagine des trucs dingues que jamais je n'oserais réaliser dans la vie. Quand je laisse aller mes doigts sur ma peau, je suis libre de choisir mes amants, leur nombre, les lieux où ils vont me prendre, les positions dans lesquelles ils m'étreignent, leurs attitudes, leurs gestes obscènes, leurs phrases grossières. Je peux m'inventer que je suis une jeune femme encore vierge et romantique et me faire déflorer par un vieux libertin. Selon mes humeurs, je suis tour à tour une fille délurée, une bourgeoise BCBG, une soubrette docile et facile, une secrétaire, une infirmière, une femme de chambre et pourquoi pas, une prostituée. Les rôles sont multiples et tous me mènent au plaisir. Je n'ai pas besoin de visionner je ne sais quelle cassette X, moi. Je me fais mon petit film à moi toute seule. Je suis l'actrice principale et en même temps, la réalisatrice. À chaque séance, je ne suis jamais déçue et je sors pleinement satisfaite ! Pour servir de modèle à mes amants imaginaires, je me sers des hommes que je fréquente et que je trouve séduisants dans la réalité. Cela reste purement cérébral. Jamais je n'oserais avouer à un de mes collègues de travail ou à un de mes amis que je me donne du plaisir comme une folle en rêvant qu'il me prend par tous les orifices et dans toutes les positions imaginables avec une violence et une sensualité inouïe ! Je me souviens de l'époque où j'étais encore étudiante. Je logeais dans un petit studio et le soir, avant de m'endormir, je me caressais en fantasmant comme la pire des obsédées sur le concierge de la fac, une brute macho de cinquante ans ! Je n'ai jamais eu le désir de faire réellement l'amour avec ce type ignoble mais pourtant, quand je me masturbais en imaginant qu'il me pénétrait sans douceur et me possédait à plusieurs reprises, j'éprouvais des orgasmes d'une violence incroyable. Quand je suis toute seule chez moi, il m'arrive de prendre une feuille de papier et un stylo et de laisser libre cours à mon imagination érotique. J'aime les mots. J'aime les écrire, les dire, les entendre. Mots doux, mots tendres, mots coquins, mots plus crus. J'aime les lire aussi, j'aime lire de la littérature érotique. Ca m'excite aussitôt. Les mots ont un pouvoir étonnant sur moi et sur ma libido. Au fond, peut-être que les mots m'excitent autant que les images cochonnes quand je me masturbe. Je procède toujours de la même façon : à plat ventre sur mon lit, une main glissée en coquille sur mon sexe gonflé, je ferme les yeux. Mes doigts restent immobiles. Je bouge des hanches, je remue mon bassin et c'est ma vulve et mon clitoris qui viennent se frotter sur ma main. Avec l'expérience, j'arrive à avoir une parfaite maîtrise sur la montée de mes orgasmes. Je suis capable de me retenir le plus possible pour rendre encore plus puissant l'éclair final. Si je suis pressée, il me suffit quelquefois d'une image forte pour être précipitée dans l'absolu de la jouissance. Parfois, j'ai l'impression de prendre plus de plaisir dans mes petites «gâteries intimes» et avec mes histoires que lorsque je fais l'amour avec un homme. Seule, j'ai moins de retenue et de pudeur, moins d'interdits. En ce moment, il y a un homme qui revient souvent dans mes «voyages en solitaire». Il s'appelle Maxime et je crois bien que j'en suis amoureuse. Je l'ai vu pour la première fois.

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MERCREDI 28 JANVIER 2015

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